Elles ont servi de modèles aux créateurs de bijoux, elles ont fasciné des poètes comme Alfred Tennyson, qui décrit leurs ailes comme les « lames transparentes d’une cuirasse de saphir »…
Mais connaissez-vous exactement la vie de ces petits monstres qui se transforment un jour en fée… ? Certaines vivent dans les mares et les étangs de nos forêts de Fausses-Reposes ou de Meudon. Elles sont un précieux indicateur de la qualité de notre environnement.
Elles font partie de l’ordre des ODONATES. Avant, on les appelait toutes libellules, maintenant on les distingue en 2 grandes familles très faciles à reconnaître :
1 – Celles qui, au repos, gardent les ailes repliées sur leur dos : ce sont les demoiselles.
2 – Et celles qui gardent les ailes bien étalées (comme un livre ouvert) : ce sont les libellules.
Les libellules comme les demoiselles commencent leur vie au fond de l’étang ou de la mare.
Au mois de mai, leur mère a choisi la tige tendre d’une herbe aquatique ou une plante flottante qu’elle a incisée pour y pondre ses œufs (un trou égal un œuf) jusqu’à 600 œufs. Dans sa tige l’œuf murit doucement pour sortir plusieurs semaines après et devenir une prolarve. Certaines espèces au contraire larguent leurs œufs en vol à une dizaine de cm au dessus de l’eau. Quelques heures plus tard, le dos de la prolarve se fend et il apparait une bête étrange aux yeux globuleux, à 6 pattes, avec des antennes et 3 longues branchies en guise de queue, c’est la larve de libellule. C’est alors un terrible prédateur. Elle a un appétit d’ogre et dévore toutes les larves d’insectes qui passent devant sa lèvre inférieure qui est armée de 2 crochets redoutables. Sa préférence est pour les larves de moustiques. Elle grossit vite et pour grandir elle procède à 10 mues successives qui peuvent s’échelonner sur 1 à 4 ans suivant les espèces. Après sa dernière mue elle est attirée vers la surface. Puis un matin de printemps par beau temps, l’étrange larve sort de l’eau le long de sa tige. Sa peau se déchire et la libellule sort lentement de sa carapace. Elle s’accroche à sa larve tandis que ses ailes toutes fripées se déploient et son corps encore mou durcit au soleil. Elle change alors de couleur et passe petit à petit du gris terne à sa couleur vive définitive. Elle continue à capturer une grande quantité d’insectes mais en vol maintenant (papillons, moustiques, mouches, etc…). Ses ennemis sont les oiseaux et les araignées. La vie d’une libellule est de courte durée, de quelques heures à une saison suivant les espèces, puisqu’elle meurt à l’automne (seules quelques rares espèces hibernent).
Les odonates sont utilisés par les écologues comme des « bio-informateurs » caractéristiques de l’état de santé des zones humides. Elles sont entièrement dépendantes d’une certaine qualité du milieu aquatique (température, PH… proies, végétation…) mais aussi à l’état adulte d’un besoin, outre de proies (insectes), de perchoirs et d’abris dans la végétation environnante.
Elles sont aussi utilisées pour mesurer dans le temps l’évaluation environnementale des zones humides et/ou l’efficacité des procédures de restauration écologique de ces zones.
Dans le département du 92 : 30 espèces différentes ont été recensées sur les 59 espèces franciliennes existantes (54 dans le 78) (recensement réalisé entre 1992 et 2012).
La disparition et la raréfaction des libellules franciliennes est caractéristique des atteintes portées aux écosystèmes aquatiques de la région notamment l’urbanisation et la pollution pour nos forêts chavilloises. Pourtant l’Île-de-France possède des atouts importants en matière de conservation des zones humides et doit ainsi pouvoir se mobiliser pour préserver ses populations de libellules menacées (extrait Natureparif).
L’association Espaces (basée à Chaville et œuvrant dans plusieurs sites d’IDF notamment aux étangs de Ville d’Avray) met en œuvre une gestion écologique des espaces naturels via l’application de principes et techniques favorables à la biodiversité. http://www.association-espaces.org/wp-content/uploads/2013/04/FOCUS-LIBELLULES-2011.pdf