Les mouches, abeilles, guêpes, moustiques, papillons, coccinelles sont emblématiques des insectes volants que nous rencontrons le plus souvent. Les fourmis, les blattes, les punaises, les carabes sont des espèces rampantes très familières… mais ces espèces ne reflètent pas la variété insoupçonnée des insectes sur notre planète.
Savez-vous que les insectes représentent près des deux tiers des organismes vivants. Plus d’un million a été répertorié mais les estimations donnent des chiffres vertigineux, soit entre 2 et 5 millions ! En France, on estime à quelques 60 000 le nombre d’espèces présentes et Chaville en recèle comme ailleurs un très grand nombre. Les efforts de recherche dans ce domaine ont été dictés par les besoins de l’agriculture et des industriels pour les éradiquer. Il y a encore des millions d’espèces inconnues qui devraient être un champ pour les entomologistes (scientifiques spécialistes des insectes) afin de découvrir la riche biodiversité du monde sauvage.
En fait il faut savoir observer le sol, les végétaux et notre environnement local. Les insectes se trouvent dans toutes les niches écologiques.
Quelques exemples (observés à Chaville) :
Un anthidie est une abeille robuste et velue, marquée de taches jaunes sur l’abdomen. Le mâle est plus grand que la femelle. La femelle présente une brosse ventrale blanche et le mâle possède 5 longues épines à l’extrémité de l’abdomen. On les trouve sur les chemins forestiers, les gravières et les jardins, surtout près des agglomérations. Sur ce qu’il considère comme son domaine exclusif, il ne supporte pas la présence d’autres insectes venus butiner et passe son temps à en chasser les indésirables. Agressif de nature, il a l’avantage d’être équipé pour le combat et dispose de deux types d’armes : cinq épines dures situées à l’extrémité de son abdomen et une paire de mandibules longues et denticulées avec lesquelles il mord et lacère. Il peut se mesurer à des insectes bien plus gros que lui comme le Xylocope violet qu’il n’hésite pas à assaillir et à chasser hors de son territoire.
Parmi les coléoptères, l’oedomère est d’un vert doré brillant. Le mâle présente des fémurs postérieurs très dilatés. C’est une espèce commune que l’on trouve dans les lisières ensoleillées et les prairies. Les larves se développent dans les tiges de végétaux herbacés.
Le balanin est caractérisé par une trompe très fine avec des écailles brunes, claires et foncées. On les trouve dans les forêts de chênes ou dans les noisetiers. En été, la femelle fore un trou dans un gland pas encore mûr et y pond 1 ou 2 œufs. Les larves se nourrissent de l’amande et quand le fruit tombe, elles percent un trou pour en sortir, hivernent dans la terre et y attend le retour du printemps. Puis le cycle recommence.Le Sphinx du troène est un papillon à bandes noires et roses sur l’abdomen, les ailes sont également brunes et noires. C’est une espèce très répandue que l’on trouve dans les parcs et jardins et au bord des chemins. La larve est vert vif et vit sur le troène, le lilas, le frêne, le forsythia. Quand elle est inquiétée elle redresse l’avant du corps, d’où le nom de sphinx.
Les insectes ne savent pas qu’ils vont mourir
Quand nous partions en voiture dans les années 80-90, nous étions obligés de nous arrêter toutes les deux heures pour nettoyer notre pare-brise. Aujourd’hui, même après 1000 km sur les autoroutes, un petit coup d’essuie-glace suffit. Le
pare-brise et le pare-chocs ne sont plus, comme autrefois, recouverts de mouches et de moustiques. Les entomologistes ont installé des pièges à insectes pendant l’été et ce, chaque année afin d’évaluer combien d’insectes vivent dans
une région donnée. En Allemagne, l’expérience montre qu’en 1989, chaque piège attrapait en moyenne 1,6 kg d’insectes par été. En 2014, il n’en piégeait plus que 300g chacun. Ce déclin concerne toutes les espèces.
Les insectes disparaissent en masse depuis les années 90 et les abeilles ne sont pas les seules à décliner. C’est le cri d’alarme lancé par les scientifiques de nombreux pays. Si les insectes venaient à disparaitre, tout l’équilibre terrestre serait chamboulé !
Les insectes sont une composante essentielle de l’écosystème terrestre. Ils sont le socle de la chaîne alimentaire de la faune et de la flore. Les insectes recyclent le bois mort, les déchets de toute sorte. La disparition de ces petites bestioles ne signifierait rien de moins que mettre en péril la pollinisation de 80 % des plantes sauvages et la source de nourriture de 60 % des oiseaux – sans compter celle des mammifères et des amphibiens.
Pour les chercheurs, la principale cause de cet effondrement réside dans l’intensification des pratiques agricoles, et en premier lieu dans le recours accru aux pesticides chimiques. Le traitement par enrobage des semences, systématique et préventif, est le principal suspect. Il fait en effet appel aux fameux insecticides néonicotinoïdes, surnommés les « tueurs d’abeilles », qui agissent sur le système nerveux des insectes. Ce qui est inquiétant c’est
que ces produits se répandent bien au-delà des zones agricoles, y compris dans les forêts
Les insectes sont fragiles parce qu’ils sont « spécialisés » ; par exemple une guêpe solitaire ne mange qu’une espèce de chenille ou d’araignée, ce qui la rend vulnérable si sa source de nourriture disparaît. Un autre cas concerne les insectes parasitoïdes dont la fonction est de réguler les populations d’insectes (voir attaque de pucerons ci-contre).
Les insectes sont sensibles à :
- La lumière nocturne des villes. Les insectes sont attirés par les lampadaires, sans prendre le temps de se reproduire puis meurent.
- Les espèces invasives comme les frelons asiatiques qui déciment les espèces autochtones.
- Le réchauffement climatique incite certaines espèces à migrer d’une région à l’autre, perturbant ainsi l’équilibre local.
Attention !
Même s’il existe des espèces nuisibles pour l’homme (exemples, les tiques à l’origine de la maladie de Lyme ou la maladie à virus ZIKA due à un virus transmis principalement par les moustiques du genre Aedes), il faut les laisser vivre.
Il faut avoir une attitude éco-responsable et ne pas abuser de produits chimiques, voire les éviter totalement.
Pour plus d’informations, voir le Guide VIGOT des insectes de Heilo Bellmann ed. Vigot 2000