La Métropole Grand Paris (MGP) a préparé un Plan Climat Air Energie Métropolitain (PCAEM) en septembre 2018 après une période de concertation avec de nombreux acteurs et le grand public. En 2019, une période de réunions locales, ateliers citoyens, évènements de sensibilisation pour les publics jeunes et évènements d’innovation pour les entreprises et les chercheurs ont été organisés. L’objectif ultime prévu en décembre 2019 sera de valider un ’ « Accord du Grand Paris 2 degrés C ».
La stratégie choisie s’articule autour des thèmes suivants :
- · Atteindre la neutralité carbone en 2050
- · Réussir la transition énergétique
- · Renforcer la résilience des citoyens et des territoires
- · Poursuivre la reconquête de la qualité de l’air
La méthode affiche l’objectif d’ « agir ensemble pour accélérer la transition » touche spécifiquement la qualité de l’air et la mobilité durable, l’habitat, les activités économiques et la consommation, l’alimentation et les déchets.
Le Conseil de développement de la MGP s’est prononcé sur le PCAEM et son avis est disponible : http://www.metropolegrandparis.fr/sites/default/files/avis_n4_codev_pcaem_0.pdf. Il se résume comme suit :
Si la stratégie du PCAEM est ambitieuse, les actions du plan d’actions à l’échelle de la MGP semblent être pour la plupart des déclarations de bonnes intentions (incitations, sensibilisation, accompagnement, mobilisation, débats), et loin des « actions fortes, structurantes et ambitieuses » appelées en préambule des parties stratégie et plan d’actions.
Comment la MGP est-elle en mesure de rapprocher et de garantir la cohérence entre les ambitions du PCAEM (vision/stratégie) et les moyens attribués –notamment financiers– (plan d’actions), la cohérence avec les plans des EPT, le plan régional ?
Pour atteindre avec succès les objectifs ambitieux affichés dans la stratégie du PCAEM, le Conseil de Développement (CoDev) rappelle les points saillants de cet avis :
- · La MGP doit avoir un rôle de chef d’orchestre et afficher de façon claire sa valeur ajoutée dans le paysage des collectivités territoriales. En effet, il est indispensable que les différents échelons politico-administratifs, qui servent pratiquement le même bassin de citoyens, mettent tout en œuvre pour passer par-dessus leurs clivages et leurs répartitions de compétences qui peuvent constituer autant de freins majeurs à l’application du PCAEM. Aucun d’entre eux ne pourra réussir seul dans ces défis majeurs que sont le changement climatique et l’accroissement de l’urbanisation. En particulier, il serait plus que souhaitable que ces divers échelons s’attellent à passer en revue de façon volontariste leur partage de compétences et leurs complémentarités afin de mobiliser leurs moyens et de fluidifier/simplifier tout ce qui peut l’être (délégations de compétences, guichets uniques, simplification administratives…).
- · La mobilisation de tous les acteurs notamment des citoyens, des associations et des entreprises doit être nettement amplifiée. C’est la condition pour que la diminution de la pollution de l’air, la transition énergétique, la diminution de l’empreinte carbone et le renforcement de la résilience des citoyens soient une réalité dans un futur proche.
- · L’inscription des enjeux Climat Air Énergie lors de l’élaboration du Schéma de Cohérence Territorial Métropolitain et du futur Plan Métropolitain de l’Habitat et de l’Hébergement doit donner des enjeux forts à la planification métropolitaine.
- · Dans le domaine de l’habitat, une coordination plus volontariste de la transition énergétique doit être affichée. Les « plateformes territoriales de la rénovation énergétique » et le « fonds métropolitain de rénovation et de sobriété énergétique » : doivent être articulés avec les dispositifs existants et mises en perspective avec les retours d’expériences réussis.
- · Dans le domaine financier, les seules actions fortes sont la création des différents fonds métropolitains mais l’ingénierie financière n’est pas définie à ce stade et reste à inventer. La mobilisation d’appel à des ressources du privé n’est pas présente. De plus, le plan d’actions du PCAEM doit impérativement s’accompagner d’une prévision budgétaire associée, actualisée annuellement, afin qu’elle soit prise en compte dans les budgets annuels de la MGP.
- · La MGP doit amplifier et accélérer les actions pour diminuer la pollution de l’air. Il est impératif d’éviter toute dispersion inutile entre échelons politico-administratifs pour cette cause pour laquelle le temps est compté. La crédibilité du PCAEM s‘appréciera sur le verdict de l’Europe sur les progrès accomplis, notamment au moment des jeux olympiques de 2024.
- · Le soutien à l’innovation est timide. Beaucoup de solutions existent mais des doutes concernent leur application effective sur le terrain. Certaines normes sont encore inadaptées par rapport aux enjeux et la réglementation doit encore évoluer.
- · Un plan de résilience métropolitain est hautement souhaitable et doit être explicitement rajouté au plan d’action.
- · Enfin, il est indispensable de disposer d’indicateurs pertinents mesurables et quantifiables pour chaque action du PCAEM, afin d’en permettre un suivi objectif. L’évolution de ces indicateurs sera à mesurer à partir de 2018, année de démarrage de la période couverte par cette première version du PCAEM.