Le dossier de la requalification de la RD910
Février 2020
Un rappel de nos actions :
Le projet de requalification de la départementale RD 910 sur Chaville et Sèvres a été soumis à la mission régionale d’autorité environnementale. Son avis a été publié le 19 avril 2019. Un certain nombre de réserves ont été formulées, notamment « l’absence d’informations sur les espèces, l’état phytosanitaire et le développement » et sur le fait que » l’abattage [284 arbres à Sèvres et Chaville] n’est pas justifié au regard de l’enjeu de biodiversité« . Par ailleurs, la loi du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages précise dans son article 172 la modification du code de l’environnement (Art. L. 350-3). Celui-ci protège spécifiquement les allées d’arbres et alignements d’arbres qui bordent les voies de communication, à condition d’un bon état sanitaire.
Le 28 juin 2019, notre association a commandé une expertise sanitaire des 220 arbres de la RD 910 de Chaville, à un expert reconnu par le département, Louis Vallin. Le 12 septembre 2019, le rapport rapporte les conclusions suivantes : sur 220 arbres de la RD 910, seuls 5 arbres ont été jugés dépérissants ou morts. Voir ..\..\..\Expertise arbres 2019\Expertise arbres RD 910 Chaville 12 septembre 2019 v finale.pdf
Lors du forum des associations, du 7 septembre 2019, nous avons alerté sur le risque d’abattage de 284 arbres de la RD 910 lors du réaménagement de cette voie départementale. Les principales motivations se résument autour du rôle des arbres existants pour leur effet climatiseur en cas de canicule, le fait que le remplacement par de nouveaux arbres ne répond pas aux besoins d’ombre pour le bien-être des habitants. A ceci s’ajoute la perte de biodiversité car les arbres sont le siège d’habitats pour les oiseaux, les insectes etc…..
Une pétition a été lancée à l’intention du Président Patrick Devedjian en septembre. En comptant les signatures sur papier et sur internet (www.change.org/p/monsieur-patrick-devedjian-sauvons-les- arbres-de-la-rd-910-à-chaville), plus de 2130 signatures ont été recueillies.
Les porteurs de projet ont organisé deux réunions publiques, une à Chaville (8 octobre 2019) et à l’autre Sèvres (15 octobre 2019). Nous sommes intervenus nombreux pour protester sur certains aspects du projet et notamment l’abattage des arbres.
L’enquête publique d’octobre 2019 a recueilli un très grand nombre de contributions dont près de la moitié ont porté sur les arbres et la piste cyclable. Les contributions argumentées de notre association et de ses adhérents ont été souvent reprises par d’autres habitants.
Enfin nous avons pris connaissance de l’avis de la municipalité sur le projet, voté à l’unanimité le 21 octobre 2019.
Le rapport du commissaire enquêteur
Le rapport a été publié en décembre 2019 http://www.hauts-de- seine.gouv.fr/index.php/content/download/14516/97973/file/Rapport_enquete_RD910.pdf
Les conclusions font état pour chaque chapitre de la position du porteur de projet (le département) et l’avis généralement favorable du commissaire enquêteur et très argumenté. On peut extraire de ce rapport de plus de 60 pages, les points suivants :
Arbres : Face à la réaction importante du public, le département a réduit le nombre d’abattages de 284 à 192 soit 92 arbres épargnés. Sèvres conserverait 70% de ses arbres actuels (seuls 28 arbres seraient abattus sur les 94 existants) ; Chaville conserverait 25% de ses arbres actuels, dont l’alignement des platanes de la pointe de Chaville et quelques autres (probablement le ou les cèdres), soit 168 arbres abattus sur 225 existants. Réserve cependant sur l’absence de dérogation sur l’abattage imposé par l’application de l’article L350-3 du code de l’environnement. A noter le commentaire du porteur de projet sur le fait que la proximité des arbres par rapport aux façades comporte un risque en matière de sécurité incendie (recommandation de la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris).
Pistes cyclables : Le rapport est favorable à la solution piste unidirectionnelle sur les trottoirs élargies à 2m avec un revêtement de couleur et une légère différence de niveau et
séparation par des espaces végétalisés. Il reste que la concertation avec les associations cyclistes est une nécessité.
Voies uniques par sens de circulation des voitures : l’avis favorable au projet du département Stationnement : avis favorable au projet
Aménagements : Le rapport approuve les remarques et suggestions du public
Eau : le rapport est favorable à l’intégration des eaux naturelles, car émanant d’une volonté politique de la Métropole Grand Paris et des villes de Sèvres et Chaville.
Commerces : le rapport est favorable à poursuivre une concertation avec les commerçants, notamment sur les nuisances pendant le chantier.
Notre position sur le projet de requalification
- Le nombre d’arbres prévus pour être abattus est encore beaucoup trop élevé, surtout à Chaville. Les arbres sont des climatiseurs, absorbeurs de pollution et éléments indispensables du paysage urbain. Les alignements d’arbres sont aussi des continuités écologiques par leur fonction d’habitat pour les oiseaux et les insectes. Ils contribuent à la santé et au bien-être des
- Il est envisagé de planter des arbres d’une trentaine d’années. La transplantation d’arbres de cet âge est risquée. La reprise est difficile, surtout si leurs besoins en eau et en soins ne sont pas suffisamment bien assurés. De nouvelles pratiques de gestion sont
- La piste cyclable unidirectionnelle sur les trottoirs est rejetée par les Elle ne convient pas pour cet axe majeur inclus en décembre 2019 au nouveau réseau express régional vélo appelé « RER-V » proposé par le collectif vélo Ile de France et soutenu par la région (voir carte ci-dessous)
- Concernant l’intégration des eaux naturelles (renaturation du ru de Marivel), l’étude financée par la Métropole est appuyée par la mairie ; cela va dans le sens de rendre l’eau visible en ville, ce que nous réclamons depuis
- La circulation des voitures sur une voie montante et une voie descendante est le résultat du compromis de partage de la chaussée avec tous les usagers : piétons, vélos, véhicules motorisés. La question de la sécurité des véhicules d’urgence est importante mais elle peut être résolue par l’utilisation occasionnelle de la piste cyclable bidirectionnelle. L’usage en croissance du vélo va forcément contribuer à la diminution de l’usage des voitures et la réduction de la pollution, tendance déjà observée à Paris, suite à la mise en place de continuités de pistes cyclables sécurisées.
Chaville Environnement préconise des méthodes différentes de celles du département pour ce réaménagement.
- Au lieu de commencer le projet par l’abattage systématique de tous les arbres, il faut partir le plus possible de l’existant concernant les éléments qui ne peuvent pas être renouvelés facilement, comme les immeubles et les
- Il faut laisser les trottoirs aux piétons et partager la chaussée pour optimiser (maximiser) le trafic bus + vélos + voitures. Pour cela, il faut des voies propres aux vélos (et trottinettes) séparées à la fois des piétons et des voitures ce qui permettrait une augmentation très importante du trafic total par rapport à celui d’aujourd’hui ; Il est donc judicieux de prévoir une chaussée sans dénivelé pour les vélos, les voitures et le stationnement. Ainsi l’espace disponible serait facilement modulable et à faible coût au fur et à mesure de l’évolution des besoins.
- cette augmentation sera alliée à une réduction de la pollution grâce à des bus et des vélos non ou peu polluants. Rappelons que la pollution totale de l’air (pas seulement due aux transports) serait responsable d’environ 10000 morts prématurées en Île de France chaque année. Les Chavillois habitant ou fréquentant la rue Roger Salengro et la rue de Jouy respirent l’air le plus pollué. Les trafics respectifs des vélos et des voitures et le partage optimum de la chaussée entre ces modes de transport, est difficilement prévisible pour les 30 ans à venir. Quelles pistes cyclables ? Latérales, bidirectionnelles latérales ou
- A Chaville il y a un fort consensus entre les cyclistes, les élus, les candidats aux prochaines municipales, et notre association en faveur d’une piste bidirectionnelle centrale, qui serait une portion de la ligne C du RER vélo (voir la carte ci-dessous et le projet ..\..\..\Plan vélo GPSO\Livret RER pdf). Ce choix est sécurisant pour les cyclistes. Les accidents mortels de
vélos viennent principalement de deux situations ; d’une part les collisions de cyclistes avec les portières de voitures en stationnement qui s’ouvrent au moment de leur passage, et d’autre part les camions qui tournent à droite et ne voient pas un cycliste dans l’angle mort de leur rétroviseur. Ce dernier cas n’est résolu que par une piste centrale bidirectionnelle. Le premier cas demande un espace supplémentaire de 80 cm ou 1m entre piste cyclable et stationnement. La piste centrale bidirectionnelle semble la solution la plus économe en espace, mais est peu utilisée en France. Pour sortir de la piste, il y a des solutions : des « espaces de stockage » pour que les vélos qui tournent à gauche ou à droite puissent s’arrêter en toute sécurité hors du flux des autres qui vont tout droit et hors d’atteinte des voitures; ces solutions demandent à être testées pour les intersections, devant les écoles, etc… Une idée de l’association « la Ville à Vélo » de Chaville consiste à faire, dès maintenant, une expérimentation à faible coût, d’une piste bidirectionnelle centrale sur la RD 910 actuelle (plots amovibles et peinture). Ceci favoriserait le dialogue entre le département, la municipalité et le collectif vélo de l’Ile de France.
- Les trottoirs pour les piétons et les arbres ont besoin d’être resurfacés pour la sécurité de tous, notamment celle des personnes âgées. Beaucoup d’arbres ont besoin d’être libérés du carcan de goudron qui les enserre jusqu’à toucher leur écorce. Il faut les équiper d’un pied d’arbre enherbé ; une grille ou autre dispositif laissant l’eau s’infiltrer dans le sol. Trois ou quatre arbres ont leurs racines proéminentes. Ce n’est pas une bonne raison pour les couper. Il est déconseillé de modifier le niveau de la terre qui les entoure, il faut les équiper d’un pied d’arbre perméable à l’eau recouvrant les racines et connecter les bords des pieds d’arbre à la surface du reste du trottoir par des pentes douces. De plus, il est important de protéger les arbres des agressions venant des voitures qui se garent en blessant les Les lampadaires sont protégés, mais pas encore les arbres.
- Les espaces de stationnement des voitures et une partie des trottoirs peuvent être rendus perméables de façon à alimenter les racines des arbres et infiltrer les eaux de pluie. Les petits pavés sur lit de sable comme à Lisbonne ou d’autres solutions de surfaces enherbées sont de bons exemples. Et bien sûr les projets de noues et de moyens pour remettre au jour le ru de Marivel et ses affluents sont des sujets qui sont préconisées par la Métropole Grand Paris (financement d’une étude en cours), des municipalités de Sèvres et Chaville.
- 90% des arbres existants sur la RD910 doivent être préservés. La canicule de 2003 a provoqué la mort prématurée de 10 000 Franciliens. Les canicules sont plus fréquentes, leur température et leur durée sont en augmentation. Les arbres, l’eau et la végétation en ville nous aident à les supporter. Dans le rapport du commissaire enquêteur, une raison évoquée par le département pour justifier l’abattage massif d’arbres serait une demande récente de la brigade des sapeurs- pompiers de Paris (Zone Paris et petite couronne) pour ne pas avoir d’arbres trop proches des façades d’immeubles de façon à pouvoir déployer leur grande échelle en cas d’incendie. Le dernier rapport des sapeurs-pompiers de Paris https://www.pompiersparis.fr/images/page_fixe/RIDDECI-edition-mars-2019.pdf ne mentionne pas de distance minimum entre les arbres d’alignement et les façades d’immeubles. Cet argument de sécurité incendie, évoqué par le département pour abattre les arbres, ne tient pas.
- Enfin, le projet prévoit de planter de nouveaux arbres et il faudra un jour renouveler les arbres existants ; il faut établir un plan de gestion à long terme qui ne consiste pas à tout couper d’un coup et tout replanter à la fois. La replantation exige des soins pour éviter leur mort prématurée : espaces suffisant pour les racines, arrosage fréquent, distance suffisante par rapport aux constructions etc..;. En plus, lors du chantier de requalification, il faut que les méthodes d’aménagement du chantier de la RD 910 respectent les arbres existants. Les arbres sont des organismes vivants et fragiles. Comme pour tout organisme vivant, l’amputation et l’altération des organes vitaux des arbres (grosses branches, troncs, racines, écorces protectrices), les affaiblissent gravement et irrémédiablement. C’est à ce prix que l’espérance de vie des arbres augmentera et que l’on conservera en permanence des espaces ombragés et les îlots de fraîcheur que les arbres de la ville nous procurent.